Le Stade des Lumières débloqué in extremis, mais la course d’obstacles continue
Il est rare d’entendre le maire de Lyon, Gérard Collomb, remercier un membre du gouvernement. C’est pourtant ce qu’il vient de faire, déclarant, concernant Chantal Jouanno : « je salue l’engagement personnel de Madame la Ministre des Sports… » Il lui doit en effet une fière chandelle car c’est elle qui in extremis vient de permettre le déblocage du projet de Stade des Lumières à Décines qui était totalement encalminé. Après le coup dur DSK, derrière lequel il s’était enrôlé pour les primaires du PS, un échec sur ce terrain là aussi, aurait constitué pour le premier magistrat lyonnais un sérieux revers politique.
Ouf ! Le gouvernement vient d’affirmer officiellement son soutien financier au projet en lui réservant 20 millions d’euros (contre 40 millions annoncés originellement), mais surtout, il s’est engagé à le déclarer d’intérêt général dans les prochains jours. Or sans cette « DIG » pas de lancement des différentes enquêtes d’utilité publiques.
Tout à sa joie, le maire de Lyon précise : « Je constate que ce projet fait désormais l’objet d’un large consensus, et je m’en réjouis. »
Et d’annoncer que les enquêtes publiques pourront être enfin lancées du 14 juin au 18 juillet prochain.
Il était temps car le 20 mai doivent être désignés les neuf stades hôtes de la compétition et ses deux enceintes de réserve, avec validation du Conseil fédéral de football. Outre Lyon, le Stade de France (Saint-Denis), le Parc-des-Princes (Paris), Nancy, Nice, Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Lille, Lens et Bordeaux sont candidats. Sans cette déclaration d’intérêt général, il est probable que le Grand Lyon aurait été définitivement écarté de l’Euro 2016 de football, ce qui n’aurait été bon, ni pour le foot lyonnais, ni pour l’image de la Ville en cette période de fin de championnat, au cours de laquelle, de surcroît, l’Olympique Lyonnais rame sérieusement.
Tout n’est pas gagné pour autant et la suite ne sera pas un long fleuve tranquille. C’est ce qu’indique Dominique Perben (UMP), l’ancien candidat malheureux de Gérard Collomb lors des dernières municipales, lui donnant dans un communiqué le coup de pied de l’âne : « Je persiste à penser que le choix du site risque d’hypothéquer l’aboutissement du projet : en effet, la déclaration d’intérêt général ne permettra pas d’écarter les nombreux recours juridiques qui s’appuieront sur les défauts du site choisi de manière autoritaire par Gérard Collomb. »
A noter que pour obtenir cette DIG, Gérard Collomb a dû, sous la pression du ministère, quelque peu amender son projet en améliorant l’accessibilité du grand stade (extension des parking-relais le long du T2) et la protection des espaces agricoles, en créant une zone agricole protégée.
Dopés par les difficultés rencontrées ces derniers mois par le Grand Stade, les opposants n’ont jamais été aussi déterminés. La guérilla juridique ne fait que commencer. Elle sera longue et sans concession. Les différentes enquêtes publiques vont mobiliser, selon Gérard Collomb, pas moins de 45 juges-enquêteurs. Rappelons que les deux premières ont reçu un avis défavorables. Si le processus est mené cette fois favorablement à son terme, le permis de construire pourrait être déposé dès le mois de décembre.
Pour vaincre les oppositions, Gérard Collomb devrait plus que jamais jouer de l’argument économique : « 50 millions d’euros générés par les emplois du projet, 69 millions sur vingt ans grâce aux différentes taxes et de 370 000 à 475 000 visiteurs à Lyon, grâce au stade et ses équipements annexes », aime-t-il régulièrement répéter.
Gérard Collomb et Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, devront vaincre les obstacles qui s’annoncent un à un s’ils veulent inaugurer comme prévu le Stade des Lumières, bien évidemment, vu sa dénomination un 8 décembre et en l’occurrence celui de 2013. Mais d’ici là, il va leur falloir continuer à jouer serré.