Le Tunnel Lyon-Turin entre enfin dans le dur, de bonnes raisons de se réjouir
Malgré l’opposition des Ecologistes qui se retrouvent étonnamment à contre-emploi vis-à-vis du transport ferroviaire, les atermoiements politiques, les manifestations parfois violentes en Italie, la ligne LGV Lyon-Turin se fera. Le dernier verrou vient de sauter avec la désignation des trois groupements qui vont creuser la partie française du tunnel qui sera le plus long d’Europe. Une bonne nouvelle qu’il faut savoir apprécier.
TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin), la société pilotant le tunnel du Lyon-Turin, vient de porter son choix sur les trois groupements qui creuseront d’ici à 2028 la partie française dudit tunnel, représentant 80 % de sa longueur, entre Saint-Jean-de-Maurienne et la frontière italienne.
Les groupements de Vinci et d’Eiffage remportent ainsi les deux principaux contrats.
Alors que dans ce dossier, les craintes d’un enlisement se sont multipliées, tout laisse désormais augurer que le Lyon-Turin sera bien mis en service comme prévu en 2030.
Les groupements tricolores emmenés par Vinci et Eiffage (avec Spie Batignolles notamment) raflent la part du lion, avec deux contrats de, respectivement, 1,43 et 1,47 milliard d’euros. Le troisième lot, de 3 km pour 228 millions d’euros, revient au consortium mené par le Suisse Implenia, qui comprend le Français NGE.
La section transfrontalière étant à 89 % souterraine, il reste encore à TELT à attribuer, fin 2021 ou début 2022, le contrat de creusement des 12,5 km restant du tunnel côté italien, de la frontière jusqu’à la ville de Suse dans le Piémont qui a été le siège de nombreuses manifestations contre le tunnel dans le passé. La valeur de ce contrat est estimée à un milliard d’euros. L’appel d’offres est en cours.
Cent-cinquante ans après le Fréjus
Cent-cinquante ans après l’inauguration du tunnel ferroviaire du Fréjus où, à 1 300 mètres d’altitude, passe l’actuelle ligne transalpine, le nouveau tunnel de base du Lyon-Turin sera le plus long tunnel ferroviaire d’Europe, devant le Saint-Gothard en Suisse qui détient jusqu’à présent ce podium.
Il se composera de deux tubes à raison d’un dans chaque sens, reliés par des galeries permettant de passer de l’un à l’autre pour pour pouvoir quitter son wagon, en cas d’arrêt d’un train.
Au total, l’ouvrage implique le creusement de 162 km d’ici à 2027-2028, si l’on comptabilise tous les percements : deux tunnels parallèles, 113 km de galeries de reconnaissances et de carottages en Italie et en France, 204 rameaux de sécurité, et 4 descenderies constituant des accès pour les engins de chantier !
Des centaines de millions d’euros ont été déjà engagés : 18 % ont déjà été creusés dont, à Saint-Martin-La-Porte en Savoie, soit 9 km de galerie de reconnaissance.
Sept tunneliers !
Les trois groupements retenus pour ce chantier devraient mobiliser au plus fort des travaux, 4 000 personnes, tandis que pas moins de sept tunneliers creuseront simultanément, dont cinq côté français et deux, du côté italien.
Pourquoi cette dernière ligne droite, la plus importante du projet, est une bonne nouvelle qu’il convient de savourer.
Des raisons écologiques de se réjouir…
Pour des raisons écologiques d’abord : grâce au tunnel, 3 millions de tonnes de CO2 ne seront plus rejetées tous les ans dans l’atmosphère des vallées alpines.
Selon TELT, la ligne de fret Lyon-Turin, qui fonctionnera jour et nuit avec un débit de 344 trains par jour, permettra de délester les routes françaises et italiennes des centaines de milliers de camions polluants qui sillonnent quotidiennement les Alpes en noircissant la neige l’hiver.
Il faut savoir qu’actuellement, seulement 8 % du fret se fait par voie ferroviaire. Le projet permettra, selon les estimations, de porter cette proportion à 50 % du fret total.
…mais aussi économiques
L’autre raison de se réjouir est économique. Il ne s’agit pas là, malgré sa dénomination, d’une simple ligne entre Lyon et Turin, mais bien d’un corridor ferroviaire qui, à terme, va relier le sud à l’est de l’Europe.
On imagine sans peine les retombées économiques pour Lyon qui verra son hub ferroviaire croître considérablement en devenant le passage obligé entre le sud et l’est de l’Europe.
Côté passagers, on ne mettra plus que 2 h 04 minutes pour relier Lyon et Turin avec la nouvelle ligne, contre 3 h 22 actuellement, ce qui devrait encore nous rapprocher de notre grande sœur piémontaise qui a le même niveau de vie que les Länder allemands.
En effet, la ligne existante fait passer pour des raisons de sécurité les trains à basse vitesse dans le tunnel de Fréjus.
La nouvelle ligne aura une capacité de 40 millions de tonnes de marchandises par an, contre 6 millions actuellement.
Face à tous ces chiffres, on a du mal à comprendre les oppositions. Le tunnel Lyon-Turin est bien dans le sens de l’Histoire.