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Les ailes entravées de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry

« La bataille pour l’avenir de Saint-Exupéry est lancée », a martelé dans un communiqué, sitôt le vote, Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon.

A l’heure où depuis l’adoption de la loi Macron, sa privatisation se rapproche, l’évolution de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry laisse perplexe.

Parmi les grands aéroports de l’Hexagone, il a été l’un des rares dont le trafic a régressé l’année dernière : de – 1,1 % à 8,5 millions de passagers. Soit 100 000 passagers de moins.

La barre des 10 millions de passagers s’éloigne de plus en plus

Et ce, l’année même où il se lance dans des travaux très lourds : 180 millions d’euros pour construire un nouveau Terminal 1 et 3 et porter sa jauge potentiel de trafic à plus 11 millions de passagers. Un objectif qui s’éloigne de plus en plus…

Une des raisons mise en avant par la direction de l’aéroport pour expliquer cette baisse de trafic en 2014 est la volonté d’Air France de supprimer tous ses vols non rentables, ce qui a amené une baisse du nombre de passagers du transporteur tricolore de près de 10 %.

Certes, mais comme on peut le constater à l’aune des dernières suppressions en date chez Air France (- 26 à Lyon), tous les autres aéroports sont à la même enseigne.

Le phénomène inquiétant et pour l’heure difficile à expliquer, est que le carburant qui a jusqu’ici tiré le trafic de la plateforme rhônalpine, le low cost, baisse sérieusement de régime.

Un trafic low cost en baisse de régime

Il ne progresse que de 8 % à Lyon (+ 2,9 % seulement pour le leader, Easy Jet), mais de 22 % à Orly et de 25 % à Bordeaux. De plus petits aéroports comme Dole (+ 44 %) ou Saint-Etienne (+ 12,3 %) font aussi mieux. Le ralentissement du low cost : défaut de l’offre ? Une concurrence venue d’ailleurs ? Mais d’où ?

Si ce trafic qui représente le quart des flux de passagers continue à baisser, cela peut s’avérer inquiétant car c’est là que se situe le vrai potentiel de l’aéroport.

Depuis l’arrivée, fin 2013, de la compagnie Emirates, l’aéroport lyonnais pouvait tabler sur un développement d’un trafic qui lui manquait et lui manque encore cruellement, celui des longs courriers.

Bingo : avec son Lyon/Dubaï, Emirates a fait un tabac et affiche de tels taux d’occupation de ses sièges que la compagnie du Golfe a dû mettre un avion plus grand (un Boeing 777) en service sur la ligne.

Problème : la demande de la compagnie de passer de cinq fréquence/semaine à sept, soit un vol aller et retour par jour, se heurte pour l’heure au veto de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile). Il s’agit de ne pas faire de l’ombre à Air France et à Roissy. Rhône-Alpes attendra…

Blocage total

Les responsables économiques et politiques régionaux ont beau multiplier les pétitions : rien n’y fait. Le blocage est pour l’heure total, stoppant net le dernier en date des succès de l’aéroport.

Ne parlons pas des relais de croissance que pourraient constituer un Lyon/New York et un Lyon Pékin ou Shanghaï pour la création desquels la direction de l’aéroport se bat se et ongles. Sans succès.

Bref, de quelque côté que l’on se tourne, les ailes de Saint Exupéry semblent sérieusement encalminées.

Et ce, au plus mauvais moment qui soit puisqu’elle va apporter une incertitude supplémentaire : celui de la privatisation de la plateforme aéroportuaire régionale, devenue possible depuis le vote de l’article 49 de la loi Macron.

La 8ème région dotée du 47ème aéroport européen

Résultat : pour l’heure aucune perspective ne vient combler le surprenant paradoxe qui fait de Rhône-Alpes la 8ème région européenne, en termes de PIB, mais de Saint Ex, le 47ème aéroport seulement, de l’Union Européenne ! Cherchez l’erreur !

La nouvelle Métropole lyonnaise et la future nouvelle région Rhône-Alpes-Auvergne ont toutes deux le même talon d’Achille : il s’appelle Saint Exupéry.

Et l’on peut s’interroger de savoir s’il desserrera un jour le triple étau qui le mine : la présence à deux heures de train de Roissy (60 millions de passagers), celle, à une heure et demi de route, de Genève (15 millions de passagers) ; et un Etat qui fait tout pour entraver un trafic long courrier indépendant de Paris…