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Loi Macron : enfin !

La loi Macron veut non pas mettre fin aux blocages et aux corporatismes qui entravent l’économie française-la tâche serait trop énorme !-mais à tout le moins les atténuer. Les critiques émanant tant de la droite que de la gauche du PS montrent que le chemin qui se veut équilibré est politiquement le bon. Enfin, sur ce plan les choses ont une chance de bouger…

L’un des domaines les plus emblématiques de ces blocages présents dans cette loi Macron est celui des transports par autobus, illustration d’un malthusianisme bien français.

Dans la plupart des pays d’Europe, on peut sans difficulté se déplacer d’une ville à l’autre en bus. Pas en France où la SNCF qui possède toujours un poids important, s’est de tout temps opposée aux liaisons de ville à ville.

Une part de marché de l’autobus de 0,0005 % !

Résultat : dans ce marché extrêmement bridé, 110 000 passagers ont été transportés en France en 2013 par autocar longue distance contre…30 millions au Royaume-Uni ou 32 millions en Espagne, soit encore pour le bus en France, une part de marché de…0,0005 % !

Dès la présentation de cette loi en conseil des ministre, Laurence Broseta, la directrice générale de Transdev qui exploite en France la marque « Eurolines » a tiré la première sur BFM TV, affichant de grandes ambitions dans ce secteur du transport par bus. Elle annonce dès que ce sera possible le lancement de pas moins de quarante nouvelles lignes !

 Et d’expliquer que celles-ci concerneront des lignes qui marchent très bien en cabotage, c’est-à -dire effectuant des liaisons avec l’étranger, mais assurant des étapes en France-une première ouverture de la loi, déjà obtenue il y a quelques années-à l’instar d’une liaison Paris-Lyon sur le chemin de Bruxelles.

Mais encore et surtout, il s’agira de lignes transversales qui sont mal desservies par la SNCF, à l’instar d’un Lyon-Bordeaux, par exemple, la première ligne en termes de trafic du transporteur low-cost, Easy Jet, au départ de Lyon-Saint Exupéry, ou d’un Lyon-Clermont-Ferrand, la deuxième capitale de la future région Rhône-Alpes-Auvergne.

Mais les grands groupes comme Transdev, filiale commune à la Caisse des Dépôts et de Veolia, ne sont pas les seuls à lorgner ce prometteur nouveau marché.

Les PME se positionnent aussi

Ainsi, Yves Plessis, le patron des Courriers Rhodaniens, une PME ardéchoise de transport par autobus de trois cents salariés basée à Saint-Peray, s’est positionnée le premier sous la marque « Starshipper » sur la liaison Lyon-Turin avec un stop, alors autorisé à Chambéry ; avant de viser un Lyon-Barcelone.

Il est membre d’une association de PME à l’enseigne « Réunir » qui rassemble d’autres PME du transport français par autobus qui ne devraient pas tarder, elles aussi, à dégainer.

Un autre acteur, Suisse, lui, filiale des Postes hevètiques, « CarPostal » déjà présent en Rhône-Alpes, pourrait rapidement lancer son projet de liaison par autobus Lyon-Genève, un temps remisé.

Cette ouverture de la loi ne devrait donc pas concerner que les grands acteurs.

Dix mille emplois créés ?

Selon Emmanuel Macron, cette fin annoncée du malthusianisme routier pourrait créer jusqu’à 10 000 emplois en France.

Si elle devrait écorner un peu le monopole de la SNCF (*) vu les bas coût qui seront pratiqués, cette libéralisation devrait surtout s’adresser à une nouvelle clientèle, plutôt jeune.

D’ailleurs, il faut savoir que la SNCF n’a pas été la dernière à anticiper cette loi. Au côté de sa marque de TGV à bas coût IDTGV, au départ, notamment de la gare ferroviaire de Lyon-Saint-Exupéry, elle a développé elle aussi son réseau de transport par bus : IDBus.

Cette filiale comptait en 2013, quarante-six autobus pour un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros.

Bref, plutôt que de croire que la Dame du fer sera la première victime de cette libéralisation du transport par bus, il faut s’attendre à ce que celle-ci libère enfin un marché qui ne demande qu’à exploser.

D’après les calculs de Bercy, 5 millions de passagers pourraient emprunter le futur réseau d’autobus de ville à ville, dès 2016, contre 110 000 aujourd’hui. Une vraie révolution qui n’a que trop tardé !

(*) Les bus ont été libéralisés en Allemagne en 2013 : La Deutsche Bahn a estimé que ces nouveaux concurrents lui ont fait perdre 50 millions d’euros, ce qui reste marginal.