L’Olympique Lyonnais version Textor, va être coté à la Bourse de New-York. Une fausse bonne idée ?
Jean-Michel Aulas quand il était le patron de l’Olympique Lyonnais a été le premier dirigeant d’un Club de foot en France à coter son équipe. On était alors en 2007 et l’intro de l’OL Groupe s’était fait au prix de 24 euros l’action. Elle vaut actuellement.. 2,2 euros.
L’Olympique Lyonnais désormais dans les mains de l’Américain John Textor, entend récidiver, mais en plus grand encore, en cotant l’entreprise au New York Stock exchange, en l’occurrence à la célébrissime Bourse de New-York.
Si le plus gros des actifs qui seront mis en Bourse sont constitués par le club et tout ce qui l’entoure (le Groupama Stadium, l’OL Valley, la LDLC Arena, mis actuellement en vente), ce n’est pas le nom de l’OL qui brillera au fronton de a Bourse new-yorkaise, mais celui d’Eagle, la holding du groupe.
C’est en effet à l’issue d’opération financière que Eagle traversera l’Atlantique pour se coter à New-York. La nouvelle entité bénéficiera notamment d’une participation dans le Club belge de Molenbeek appartenant à John Textor, via une transaction d’un montant de 14,5 millions d’euros.
Reste à savoir si cette cotation va faire plouf comme celle de Jean-Michel Aulas ou si elle a quelques chances de réussite, enrichissant les supporters qui auront investi dans le club new look.
Il faut tout de même préciser que si cette cotation à la Grosse Pomme a été annoncée pour 2024, on n’en connaît pas encore les modalités.
Retournons-nous derrière nous et voyons ce qu’il en est lorsque les plus grands clubs de la planète foot sont cotés en Bourse.
Manchester United, Juventus Turin, Borussia Dortmund et quelques autres : tous ces clubs et d’autres sont, comme OL Groupe sont ou ont été cotés en Bourse.
« Bref, le couple Bourse et football est-il compatible ? », s’est interrogée notre consœur de BFM Bourse, Sabrina Sadgui dans une intéressante étude.
C’est le club anglais de Tottenham Hostpurs qui a été le premier en 1983 à s’introduire en Bourse dans le but de lever les fonds nécessaires à la rénovation de son stade.
Puis en 1991, Manchester United lui a emboîté le pas en s’introduisant sur le London Stock Exchange qu’il quitta en 2005.
Le club mancunien a profité de sa cotation en Bourse pour financer des investissements structurels dont la rénovation et agrandissement du stade. Manchester United ne se résume pas qu’à son équipe de football, les Red Devils sont aussi une image de marque, permettant de générer des ventes de produits dérivés.
D’autres équipes européennes ont suivi le mouvement à l’instar de Parken Sports qui détient le FC Copenhague en 1997, l’Ajax d’Amsterdam et la Lazio de Rome en 1998, le Borussia Dortmund en 2000 ou encore la Juventus de Turin en 2001.
Jusqu’en août 2020, l’indice Dow Jones Stoxx Europe Football était un excellent baromètre pour mesurer la bonne santé des clubs de football européens.
Créé en 1992, cet indice représentatif du secteur du football sur les marchés financiers est composé de clubs européens. Il a changé de physionomie à diverses reprises à la suite de divers retraits de la cote et faillites de certains clubs. En 1997, l’indice était à son zénith, avec un pic historique à 537,63 points en plein âge d’or du football business.
Au fil des années, l’indice vedette du ballon rond a vu le nombre de ses locataires fondre jusqu’à disparaître.
Un signal : parmi la vingtaine de clubs de football européens cotés en Bourse, seuls cinq clubs majeurs ont choisi de maintenir leur présence en Bourse, ce qui n’est assurément pas le signe d’une grande réussite.
La raison d’une telle volatilité boursière des clubs de football s’explique donc pour notre consœur « par l’incertitude qui est attachée à la valeur fondamentale de ce type d’entreprises. »
En effet, l’évolution des actions de clubs sportifs est dépendante « de paramètres totalement aléatoires à l’instar des résultats sportifs ou des plus ou moins-values réalisées dans un marché aussi irrationnel que celui des transferts des joueurs de football. Un mauvais recrutement, une blessure et c’est une saison ratée et un titre au tapis. Les résultats sportifs des clubs de football qui sont par nature aléatoires, pèsent donc grandement sur la santé économique et financière d’une entreprise sportive. »
Pour notre consœur de BFM Bourse, les fondamentaux d’un club de football n’offrent ainsi « aucune stabilité, ni aucune assurance. »
C’est la raison pour laquelle, la déconnexion des revenus du groupe aux résultats sportifs, comme a voulu faire Jean-Michel Aulas en transformant OL Valley à Décines en gigantesque centre de loisirs avait du sens car susceptible d’être une usine à cash.
Suffisant pour ne plus être à la merci de la glorieuse incertitude du sport ?
En partie sans doute, mais pas seulement…Lorsque Jean-Michel Aulas avait introduit l’OL en Bourse, il avait pu engranger d’importantes liquidités donnant une solide assise financière à l’OL. C’est évidemment l’objectif de John Textor qui a besoin de rentabiliser son acquisition lyonnaise.
Reste que, désormais, les investisseurs, face aux clubs de foot, sont plutôt échaudés…