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Non, la Métropole lyonnaise ne suce pas le sang d’Auvergne-Rhône-Alpes

On le sait, les Métropoles branchées sur l’économie-monde sont les grandes gagnantes de la mondialisation. On comprend mieux, dès lors, pourquoi Gérard Collomb avait hâte de transformer le Grand Lyon en Métropole…

Et effectivement, on constate depuis, une accélération de ce branchement sur les cinq continents, via l’augmentation du nombre de liaisons aériennes (21 de plus cet été), la croissance du nombre de touristes étrangers ; voire encore, en matière de commerce, l’arrivée d’enseignes internationales qui étaient absentes de la Métropole ; et mieux encore l’implantation grandissante chaque année d’entreprises venues des Etats-Unis ou de Chine, etc.

Restait à savoir si cette métropolisation suce le sang de la région Auvergne-Rhône-Alpes dont elle se nourrirait ; ou si ce dynamisme de la Métropole lyonnaise se diffuse à l’ensemble des onze départements de ladite région ? Il faut avoir conscience que la Métropole représente désormais plus très loin du tiers du PIB régional !

Une étude menée par Laurent Davezies, professeur au CNAM (*) vient opportunément répondre à cette interrogation.

La Métropole a atténué la crise

Ce dernier confirme d’abord ce phénomène de métropolisation qui permet d’effacer pour partie la mauvaise période que nous venons de traverser : « Depuis le début de la crise économique, en 2008, on constate que seule une demie-douzaine de villes françaises, dont Lyon, ont conservé un dynamisme de leur activité ».

Plus concrètement, explique-t-il « L’aire urbaine de Lyon, juste derrière celles de Toulouse et de Nantes est le troisième pôle de création nette d’emplois salariés privés du pays, depuis décembre 2007. »

Par de doute pour Laurent Davezies : « La Métropole lyonnaise ne se coupe pas de son environnement local et régional et plus généralement des territoires périphériques. »

Et d’enfoncer le clou : «  Elle constitue au contraire un des principaux moteurs de solidarité entre territoires. Le rayonnement de son économie bénéficie par de multiples mécanismes à de très larges territoires. »

Toute sa démonstration consiste à montrer ensuite, à l’aide de chiffres, que la richesse de la Métropole se diffuse largement.

3,1 % du PIB national

Ainsi, globalement, « La Métropole de Lyon, contribue en 2012 à 3,1 % du PIB (Produit Intérieur Brut) national et ne bénéficie que de 2,2 % du RDB (Revenu Disponible Brut) du pays. »

Pour lui, «si les Grands Lyonnais étaient dotés d’un revenu proportionnel à leur contribution à la croissance du pays, ils devraient avoir 8,3 milliards d’euros de plus, soit un revenu disponible brut supérieur de 31 % à ce qu’il est. » 

Reste à savoir désormais où va cet argent : il contribue d’abord au budget de l’Etat, sachant que 62 % des foyers fiscaux de la Métropole paient l’impôt sur le revenu contre 58 % en France.

La Métropole est également contributrice nette au budget de la Sécurité Sociale : elle donne plus qu’elle ne reçoit, soit une différence de 4,6 milliards d’euros.

La Métropole est également contributrice nette aux revenus du travail des territoires qui l’environnent. Tout simplement parce que chaque jour de la semaine, 184 000 actifs habitant à l’extérieur de la Métropole lyonnaise se rendent sur son territoire pour y toucher un salaire.

Un chiffre qui, année après année, ne cesse de grandir.

D’après l’universitaire, le transfert net, c’est-à-dire la différence entre les flux de rémunération des salariés de l’extérieur de la Métropole avec ceux qui y résident est de 3,7 milliards d’euros : l’équivalent des salaires versés par l’ensemble des entreprises de la Drôme.

Soixante-six mille résidences secondaires

Enfin, dernier élément de la démonstration de Laurent Davezies : « La Métropole est contributrice aux dépenses de tourisme. » Cela signifie « qu’elle est plus émetteur que récepteur. » En clair, les Grands Lyonnais sont plus nombreux dans l’année à partir en voyage que les touristes qui s’y rendent.

Des Grands Lyonnais qui possèdent tout de même 66 000 résidences secondaires en dehors de la Métropole, plus particulièrement d’ailleurs situées dans les départements alpins.

Bénéfice estimé : 1,9 milliard d’euros.

Au bilan, selon Laurent Davezies, la Métropole est d’abord « une machine solidaire ». Plus les Grands Lyonnais sont riches, plus cette richesse profite à tous. Ils n’ont donc aucune raison de faire des complexes de riches…

(*) « La Métropole de Lyon, un moteur de solidarité interritoriale » par Laurent Davezies, professeur au CNAM.