Nous avons environ 70 projets en cours, anciens et nouveaux. Notre philosophie consiste à poursuivre les projets en cours tout en les réorientant légèrement, avec plus de logements, de logements sociaux, de végétalisation et d’espaces pour les piétons et les vélos. Parmi ces projets, il y a Pardieu, Confluence, les gratte-ciel nord et le quartier de la Soie à Vaulx-en-Velin, entre autres. Nous avons également des projets de renouvellement urbain à Terraillon et à Bron, avec des démolitions, reconstructions et rénovations, souvent soutenues par l’État.
Ces projets sont nombreux et importants. En moyenne, combien de temps faut-il pour les réaliser ?
Les projets urbains s’étalent sur des périodes longues, de 6 à 20 ans. Par exemple, Confluence a commencé il y a longtemps et touche bientôt à sa fin. Il faut de la continuité, de la volonté et de la patience pour mener ces projets à bien.
Parlons maintenant de l’urbanisme transitoire. Pouvez-vous nous expliquer ce concept et nous donner quelques exemples de projets en cours ?
L’urbanisme transitoire permet d’utiliser des bâtiments vides avant leur transformation définitive. Plutôt que de laisser ces bâtiments se dégrader, nous les utilisons pour l’hébergement d’urgence, des activités économiques ou culturelles. Par exemple, à La Soie, nous avons le Grand Plateau avec des acteurs industriels du vélo, et à la Mulatière, nous avons accueilli les Nuits Sonores et le Lyon Street Food Festival dans des locaux temporaires.
Ce type de projets a-t-il un impact budgétaire important pour la métropole ?
Oui, l’urbanisme représente une part importante de notre budget, notamment pour les aménagements publics et la voirie, même si une grande partie est financée par le privé. Nous investissons également dans l’équilibre des opérations.
Passons à un sujet incontournable : la ZFE (Zone à Faibles Émissions). Quel bilan pouvez-vous tirer de sa mise en œuvre depuis 2019 ?
L’objectif est de trouver un équilibre entre les modes de transport et de réduire l’utilisation de la voiture individuelle pour des raisons climatiques, de pollution, de pouvoir d’achat et d’apaisement urbain. Entre 2019 et 2023, la circulation automobile a diminué de 10%, et les autres modes de transport ont augmenté. La ZFE vise à éliminer les véhicules les plus polluants, mais elle fonctionne même sans contrôle strict pour le moment.
Il y a un aspect économique à prendre en compte, notamment le coût des véhicules électriques. Pensez-vous que le délai pour la mise en application complète de la ZFE aidera les personnes à faibles revenus à s’adapter ?
Oui, il est important de proposer des alternatives abordables comme l’autopartage, qui est plus économique. L’achat d’un véhicule électrique est coûteux, mais il existe des aides de l’État et de la métropole. En usage, les véhicules électriques coûtent moins cher que les véhicules thermiques.
Vous avez mentionné l’autopartage et les voitures Citiz. Comment ces initiatives se développent-elles ?
En 2020, nous avions une centaine de voitures Citiz, aujourd’hui nous en avons 600, et nous visons 1000 d’ici 2026. L’autopartage est économique pour les particuliers et les entreprises. Nous encourageons les employeurs à adopter Citiz pour réduire les coûts.
Parlons des Voies Lyonnaises. Où en sont les travaux actuellement ?
Les travaux sont en cours et visibles. En 2024, environ 150 km de Voies Lyonnaises seront en travaux ou terminés. L’objectif est d’avoir un réseau de mobilité sécurisé pour séparer les flux vélos des piétons et des voitures, permettant une circulation en toute sécurité.
Pensez-vous que le message passe bien auprès des habitants de la métropole en termes de changement de mode de transport ?
Oui, même s’il y a des freins culturels. Quand les citoyens essaient des alternatives comme l’autopartage, les transports en commun ou le vélo et réalisent que c’est plus rapide et moins coûteux, ils sont souvent convaincus de continuer.
Vous doublez les investissements dans les transports en commun. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous investissons 2,5 milliards d’euros dans les transports en commun sur le mandat, avec trois nouvelles lignes de tram, une ligne de BHNS et deux stations de métro ouvertes. Cela permet d’améliorer la mobilité pour tous.
Merci Bruno Bernard, c’est la fin de cette première partie.
Passons maintenant à la seconde partie consacrée à l’économie et à l’environnement.
Vous avez établi une feuille de route économique de 2021 à 2026. Comment la résumeriez-vous ?
Notre feuille de route s’appuie sur la transition écologique, la justice sociale et la réduction des inégalités territoriales, en collaboration avec les acteurs économiques. Nous utilisons notre pouvoir d’achat pour réorienter les priorités et intégrer des clauses sociales et environnementales dans nos marchés.
Comment concrétisez-vous ces objectifs ?
La métropole investit 3,6 milliards d’euros sur le mandat, et le SYTRAL 2,5 milliards. En 2024, nous atteignons un record d’investissement de 1,5 milliard d’euros. Nous intégrons des clauses sociales et environnementales dans nos marchés pour accompagner les changements de comportement.
Comment se passe la collaboration avec les chefs d’entreprise et les représentants économiques ?
Nous avons des échanges réguliers avec les représentants des entreprises, comme la CCI et le MEDEF, ainsi qu’avec les entrepreneurs eux-mêmes. Nous comprenons leurs besoins et les accompagnons en termes de foncier, de locaux et de marchés.
Pouvez-vous nous parler du dispositif « LIV » ?
Le dispositif « LIV » permet d’accueillir des entreprises en leur offrant des locaux à des prix inférieurs au marché. Nous avons également des pépinières et des parcs d’activités pour accompagner les entreprises de leur démarrage jusqu’à leur envol dans le secteur privé traditionnel.
Récemment, vous avez lancé le programme « Circulise ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
« Circulise » est un parc d’activités dans la Vallée de la Chimie, sur une parcelle inutilisée. Ce projet prévoit 40 à 50 000 m² de surface de plancher pour accueillir jusqu’à 18 entreprises et créer 800 à 1000 emplois, avec une première phase d’ouverture en 2026.
Pensez-vous que les chefs d’entreprise sont convaincus de la nécessité de la transition écologique ?
Ils sont convaincus de la nécessité de la transition écologique pour la pérennité de leur entreprise. Les jeunes diplômés, en particulier, recherchent des entreprises soucieuses de l’environnement, ce qui pousse les entrepreneurs à s’adapter.
Comment concilier les exigences économiques et les normes environnementales ?
Il faut être cohérent et imposer les mêmes normes environnementales à tous les produits, y compris ceux importés. Les entreprises doivent pouvoir fonctionner économiquement tout en respectant ces normes, ce qui nécessite une adaptation à l’échelle européenne.
Un mot sur l’économie de proximité et le soutien aux commerçants ?
Nous soutenons fortement les commerces de proximité dans les quartiers et les centres-villes. Nous achetons souvent du foncier commercial et soutenons les commerces par des aides à l’isolation thermique et à la sécurisation.
En conclusion, quelles sont vos attentes pour les années à venir, notamment en matière de politique écologique européenne ?
Nous devons arrêter les reculs sur le pacte vert européen et continuer à progresser vers une politique écologique ambitieuse. L’économie et la transition écologique sont liées et doivent avancer ensemble.
Quel bilan espérez-vous présenter en 2026 ?
Nous espérons avoir réduit les inégalités sociales, créé des emplois, amélioré la mobilité et renforcé la biodiversité. Nous continuerons à travailler dur pour atteindre ces objectifs.
Merci Bruno Bernard pour cet entretien.
Merci à vous de nous avoir suivis. Retrouvez cet entretien sur notre site internet, nos réseaux sociaux et notre chaîne YouTube. Passez une excellente fin de journée et à bientôt.