La FTPE réclame pour les TPE « l’annulation des charges » de la période du confinement
L’annulation des charges : une condition à la survie post-confinement pour la FTPE
Le confinement a beau avoir pris fin, Lyon Entreprises continue de donner la parole aux professionnels et à leurs représentants. Ces derniers nous expliquent comment ils ont vécu le confinement et de quelle façon ils envisagent le déconfinement entamé depuis le lundi 11 mai. Jean-Matthieu Delacourt, président de la Fédération des Très Petites Entreprises (FTPE), nous parle des espoirs et des inquiétudes des petits entrepreneurs face à la reprise, mais aussi des attentes de son syndicat vis-à-vis des mesures de l’Etat.
Qui êtes-vous ?
Je suis Jean-Matthieu Delacourt, fondateur de la société GreenCottages, qui importe des constructions en bois et des protections personnelles. Je suis également président de la FTPE France et Auvergne-Rhône-Alpes.
Pouvez-vous nous présenter la FTPE ?
La FTPE, Fédération des Très Petites Entreprises, représente les entrepreneurs, artisans, commerçants, professions libérales ou agriculteurs. Toutes les entreprises principalement de moins de 10 salariés. Nous les accompagnons dans leur développement et dans leurs problématiques.
Comment la FTPE a accueilli les mesures de confinement ?
Les premières mesures sont allées dans une bonne direction pour soutenir et aider les entreprises. Malheureusement les premières ont été plus en direction des grands groupes, des ETI et des grosses PME. Les premières mesures n’ont pas été en faveur des entrepreneurs. Il faut bien se rendre compte que 95 % des entreprises en France sont des TPE et 70 % d’entre-elles sont des personnes seules. Tout ce qui concerne le chômage partiel ne les concernait pas. Idem pour les premières aides de fonds social, du moins en majorité.
Le gouvernement a-t-il fini par rectifier le tir pour les TPE ?
Le gouvernement a vu son erreur et donc dans un deuxième temps a été beaucoup plus souple sur les mesures de fonds solidaire. Heureusement ils ont revu leur copie et ont permis à une majorité de toucher une aide de 1 500 euros. C’est une très belle chose, notamment pour les entreprises qui avaient des salariés. Reste que la problématique est la même : les deux tiers des entreprises n’ont pas de salariés et étaient limitées à des charges de 1 500 euros. Quand on voit l’exemple des artisans, qui sont indépendants, certains ne pouvaient pas en bénéficier. Quand vous avez des assurances, des garanties décennales ou des assurances dans le bâtiment qui coûtent beaucoup plus que 1 500 euros par mois, c’est plus compliqué de vivre.
Qu’a apporté la FTPE à ses adhérents pendant le confinement ?
Les TPE contrairement aux grandes entreprises sont dans l’humain. On a reçu énormément de coups de téléphone dans les trois premières semaines. On était à leur écoute et on leur a expliqué au fur et à mesure les démarches. Maintenant nous avons aussi les cas d’entreprises qui ont eu des refus de prêts garantis d’Etat par leur banque. On a pris leur dossier en main et vu avec nos partenaires bancaires pour trouver les raisons de ces refus. Dans certains cas on leur a donné des explications et ils ont fini par pouvoir accéder à leur prêt.
Comment abordez-vous le déconfinement pour les TPE ?
Dans un premier temps ça va être une bouffée d’oxygène pour beaucoup. Pour ceux qui ont eu des fermetures administratives c’est devenu un calvaire. Quand vous avez mis toute votre énergie dans votre commerce ou votre société et que vous ne pouvez pas l’ouvrir, tout est anéanti. Dans certains cas ce sera d’ailleurs très difficile.
A quels domaines pensez-vous ?
Il y en a certains, comme par exemple les commerçants qui ont déjà beaucoup perdu avec deux mois de fermeture et donc deux mois de chiffre d’affaires perdu. Ce chiffre d’affaires ils ne le retrouveront jamais. J’en entends beaucoup dire « Les coiffeurs vont gagner beaucoup d’argent à la reprise car ils seront débordés ». C’est totalement faux, la majorité des commerçants vont perdre 50 % de leur CA à la reprise à cause des mesures de distanciation sociale.
Que préconisez-vous pour permettre aux TPE de tenir le choc ?
Il faut tout simplement, pour les TPE, annuler les charges et les impôts sur cette période pour permettre de pouvoir reprendre sereinement. Cela permettra de ne pas avoir de double-charges et de double-impôts à partir des 3e ou 4e trimestres. Le gros problème c’est que tout est fait pour qu’il n’y ait pas de liquidation sur cette période, mais moi je crains qu’on ait beaucoup de dépôts de bilan à la fin de l’année.