Richard Brunel proposé pour succéder à Serge Dorny à la direction de l’Opéra de Lyon
C’est une proposition qui fait beaucoup parler et suscite l’étonnement dans le milieu culturel. Stéphanois et directeur de la Comédie de Valence, bref, homme de théâtre d’abord, Richard Brunel est proposé pour remplacer Serge Dorny en poste à la tête de l’Opéra de Lyon depuis 2003. Ce dernier est destiné à prendre la direction de l’Opéra de Munich.
En annonçant cette décision, Gérard Collomb, maire de Lyon a pris tout le monde de court.
Il propose en effet que Serge Dorny soit remplacé à la tête de l’Opéra de Lyon par Richard Brunel. Or ce dernier est un homme de théâtre, pas d’opéra : il n’est pas musicien, est inconnu dans le circuit…
D’où surprise et étonnement.
Il est vrai que la forme a été respecté. Le communiqué annonçant cette proposition explique que : « Au terme des entretiens conduits par le jury pour le recrutement du nouveau directeur général de l’Opéra de Lyon, le Maire de Lyon, le Président de l’association Opéra national de Lyon, Rémy Weber, la Vice-Présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Florence Verney-Carron, et la Vice-Présidente de la Métropole de Lyon déléguée à la culture, proposent la nomination de Richard Brunel à ce poste, à compter du 1er septembre 2021 »
Il s’agit de la date à laquelle Serge Dorny quittera l’institution lyonnaise pour le Bayerische Staatsoper de Munich.
S’agissant d’un opéra national, cette décision demande « l’agrément rapide », dixit le communiqué du Ministre de la Culture Franck Riester sur cette proposition. Celle-ci ne fait guère de doute.
Pour Gérard Collomb, « le choix de Richard Brunel traduit la même innovation que celle du recrutement de Serge Dorny en 2003. Homme d’opéras, ayant régulièrement collaboré avec l’orchestre et le ballet de Lyon, Richard Brunel saura porter le bilan de Serge Dorny et maintenir l’excellence de cette maison. Il saura inventer de nouvelles collaborations artistiques et des projets innovants pour poursuivre l’ouverture de l’opéra sur son territoire. »
Reste que la formation de ce Stéphanois de naissance de 49 ans est avant tout théâtrale : il a été formé à la mise en scène au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris auprès de Robert Wilson, Krystian Lupa, Peter Stein et Patrice Chéreau.
Il est depuis dix ans directeur de la Comédie de Valence dans le Drôme.
C’est en 2005 à l’Opéra de Lyon que Richard Brunel crée sa première mise en scène d’œuvre lyrique. Il a depuis mis en scène de nombreuses productions tant d’œuvres du répertoire que de créations en France et en Europe. Il est notamment invité à plusieurs reprises au Festival d’Aix-en-Provence, à l’Opéra de Lille, et à l’Opéra Comique.
Le Cercle de craie de Zemlinsky est sa dernière création à l’Opéra de Lyon. Il a notamment travaillé avec Susanna Mälkki, Lothar Koenigs, Roberto Rizzi Brignoli, Jérémie Rhorer, Alexander Soddy…
À la Monnaie de Bruxelles, il mettra prochainement en scène la création On purge Bébé de Philippe Boesmans dirigée par Alain Altinoglu.
D’aucuns s’interrogent dans le milieu : « entre mettre en scène et diriger une institution, il peut exister un sérieux fossé », selon un propos d’un membre du sérail repris par le journal Le Monde.
Richard Brunel devra donc s’imposer dans une maison et un milieu qui ne lui fera sans doute pas de cadeau.
Gérard Collomb croit fort dans son candidat : « Avec toutes les forces vives de l’Opéra National de Lyon, Richard Brunel développera un projet lyrique et chorégraphique ambitieux mêlant de grandes oeuvres du répertoire, des redécouvertes d’œuvres rares et des créations contemporaines.
Fort de son expérience, et avec la complicité du chef principal Daniele Rustioni, il veillera à prolonger le rayonnement international et régional de l’institution. Il explorera de nouveaux processus de création qui permettront aux compositeurs, aux chefs d’orchestre, aux metteurs en scène et chorégraphes de la nouvelle génération de faire œuvre à Lyon aux côtés des grands noms d’aujourd’hui… »
Une manière de désamorcer sans doute à l’avance les critiques.
Et rappelons que la nomination en 2003 à la tête de l’Opéra de Lyon, de Serge Dorny avait aussi provoqué en son temps une levée de boucliers, avec pétitions à la clef !
Depuis, ces voix se sont tues : Serge Dorny a su faire rayonner l’Opéra de Lyon à l’international. Il suffit de se rendre à la présentation du programme à la presse spécialisée chaque année pour croiser les plus grandes plumes européennes qui n’entendent pas rater ce qui au fil des années est devenu un événement.
Les Lyonnais n’en n’ont peut-être pas tous conscience, mais l’Opéra de Lyon figure parmi les plus cotés d’Europe. Le challenge de Richard Brunel va être lourd à relever…