Comment le Pôle Innovations Constructives a hissé le pavillon
Présidé par Pierre-Olivier Boyer, le DRH des ciments Vicat, le Pôle Innovations Constructives qui fédère une soixantaine d’entreprises engagées dans la construction durable s’est fortement impliqué dans l’édification du pavillon de Rhône-Alpes à Shanghai. Il y organisait du 7 au 13 juin, sa semaine thématique sur la construction durable, rassemblant près de 160 acteurs Chinois et Français. Son président et son vice-président, Georges Jacob, montrent comment leur filière a su utiliser ce pavillon comme un véritable outil.
On le sait, avec le Grenelle 2, l’éco-construction est l’avenir du BTP. D’oû le rapprochement en pôle d’excellence, il y a trois ans, des acteurs de la filière. On retrouve au sein de ce regroupement baptisé Pôle Innovations Constructives (PIC), des acteurs industriels parmi lesquels des grands groupes comme Lafarge ou Vicat, mais aussi de nombreuses PME, des Centres de formation comme les Grands Ateliers de L’Isle d’Abeau ou le CFA de Bourgoin-Jallieu et des organismes professionnels et institutionnels. Assurément, la mayonnaise a bien pris.
Pour preuve, détailler les entreprises qui ont apporté leurs produits et leurs savoir-faire à l’édification du pavillon de Rhône-Alpes à l’Expo universelle de Shanghai se résume à citer une partie des membres du Pôle Innovation Constructive. : Gerflor pour les sols, Canevaflor pour les murs végétalisés, Aldes pour la ventilation, Xella Thermopierre pour l’enveloppe extérieure en béton cellulaire hautement isolant, Labaronne Citaf pour les bâches destinées aux réservoirs d’eau potable, Ferrarri pour les 700 m2 de textiles techniques, etc.
« La très grande majorité de ces éléments ont été fabriqués sur place en Chine par des usines issues d’entreprises de la région. Les importer est quasiment impossible », reconnaît Pierre-Olivier Boyer, le président du PIC.
On ne vendra pas aux Chinois du béton cellulaire importé. On le produira sur place. Mais la construction du bâtiment a prouvé qu’ « à partir de France, on pouvait apporter de la valeur ajoutée : toute la matière grise, la réflexion en amont permettant la construction de ce bâtiment qui n’est pas revenu plus cher qu’un bâtiment normal. Voilà ce qu’on peut apporter à la Chine », détaille Pierre-Olivier Boyer.
Deux innovations complètent la démonstration : l’air est dépollué, filtré, en passant au travers de la terrasse végétalisée par Canevaflor, tandis que-innovation à Shanghai où l’eau du robinet est impropre à la consommation- le pavillon rhônalpin offre une eau parfaitement consommable. Une réponse concrète à un double besoin environnemental au moment où la Chine investit beaucoup dans ce domaine. Le tout dans le respect des normes chinoises, notamment en termes de contraintes sismiques : Shanghai est situé sur une zone sensible. « C’est une réalisation qui montre jusqu’où on peut aller », se félicite le président du PIC.
Toute une série de « semaines thématiques à thème » ont été programmées pour vendre l ‘économie rhônalpine au sein du pavillon Rhône-Alpes pendant les six mois de l’Expo. Intitulée « Construction durable : bâtiments et énergies », celle du PIC s’est déroulée la semaine dernière, rassemblant plus de 160 professionnels, Français et Chinois. « Ces multiples rencontres ont permis de mettre en place toute une série de réseaux et de contacts. Mais ce n’est plus au PIC de jouer, mais aux entreprises », explique le DRH du cimentier Vicat.
Elles n’ont pas attendu que le PIC leur donne le feu vert. Ainsi Canevaflor devrait créer une filiale à Shanghai et a signé des contrats avec des délégations japonaises et coréennes présentes sur le site. « Un vrai accélérateur, cette Exposition Universelle », confirme le représentant de Canevaflor (*). D’autres entreprises sont aussi sur le point de décrocher des contrats qu’il convient désormais d’amener à leur terme. Il reste un peu moins de cinq mois pour ce faire.
Mais pour avancer encore plus vite, il faudrait selon Pierre-Olivier Boyer que l’Europe joue groupée. « Chaque pays défend ses normes en matière de construction en Europe. On attend toujours les normes communes. Pendant ce temps là des pays comme la Chine adoptent les normes américaines ! », déplore le président du PIC. La nature a horreur du vide…
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Photo (DL) : Georges Jacob (Canevaflor) et Pierre-Olivier Boyer, DRH de Vicat et président du Pôle Innovations Constructives : « Ce pavillon n’est pas qu’une vitrine, c’est surtout un outil. »