Grand Emprunt : 110 millions de plus pour l’Université de Lyon ?
Michel Lussault, le président du Pôle de Recherche et d’enseignement Supérieur (PRES) est en négociation avec le gouvernement pour bénéficier de 110 millions d’euros dans le cadre du Grand Emprunt afin de muscler le dispositif d’incubation/transfert de technologie à Lyon et Saint-Etienne. Avec à la clef une meilleure mutualisation entre l’incubateur Crealys et Lyon Sciences Transfert qui permettrait de ne pas mettre seulement sur orbite de petites start-up, mais aussi de futures grosses PME innovantes. Le dossier sera déposé cet été pour une réponse à l’automne, mais Lyon a de bonnes chances d’être sélectionné.
Et de deux ? Après les 575 millions d’euros de dotation par l’Etat dans le cadre du « Plan Campus », l’Université de Lyon pourrait bénéficier de 110 millions de plus, cette fois dans le cadre du Grand Emprunt. Une somme qui lui permettrait de développer de meilleure manière encore les transfert de technologies issus des brevets des nombreux labos de recherche publiques présents dans la Région.
Depuis plusieurs semaines, Michel Lussault, président du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieure (PRES), plus facile à mémoriser sous le simple nom d’Université de Lyon (20 établissements universitaires et Grandes Ecoles à Lyon et Saint-Etienne), multiplie les réunions avec les représentants des ministères. Un activisme qui a de solides raisons pécuniaires : 110 millions d ‘euros qui, tombant dans le giron de l’Université, proviendraient d’un appel à projet concernant la création d’entreprises innovantes.
Pour comprendre l’enjeu, il faut remonter à un discours tenu l’année dernière au Creusot par Nicolas Sarkozy annonçant un important effort pour accélérer les transferts de technologie à partir de brevets issus de la recherche publique. Un des points faibles de notre pays : nous produisons de beaux brevets, mais ces derniers sont insuffisamment valorisés et n’irriguent donc pas suffisamment une économie qui en aurait pourtant bien besoin.
La première idée était de mettre en place un organisme national. Puis le choix a été fait de créer en France cinq à six structures régionales bien dotées pour accélérer lesdits transferts de technologie. D’où un appel à projets auquel l’Université de Lyon est en train de répondre. Le cahier des charges précis devrait être connu en avril. L’Université de Lyon devrait déposer le dossier cet été. La réponse gouvernementale devrait intervenir à l’automne.
Cette future structure intéresse directement l’incubateur Crealys (*) installé sur la campus de La Doua et Lyon Science Transfert dont la mission est d’accompagner les laboratoires de la recherche publique dans la maturation de leurs projets innovants.
« Ces deux structures ont une efficacité reconnue, mais il reste encore malheureusement un maillon faible », reconnaît Michel Lussault, le président de l’Université de Lyon. Et d’expliquer : « Nous savons de mieux en mieux repérer les innovations dans les labos publics, à travers les brevets, les preuves de concepts. Nous savons favoriser la maturation des entreprises…mais pas au-delà du deuxième tour de table qui s’avère souvent difficile. »
Pour Michel Lussault : « Nous savons créer des start-up, moins des PME-PMI innovantes. Ce projet nous permettait un accompagnement plus lourd de certaines sociétés innovantes, très prometteuses en nous permettant d’investir 120 000, voire 150 000 euros. »
Cette structure qui engloberait donc l’incubateur Crealys et Lyon Science Transfert serait une filiale de l’Université de Lyon ouverte aux partenariats. Et le président du PRES de lancer : « Le dossier est bien avancé. Il apparaît simple en apparence, mais est plus compliqué lorsque qu’on rentre dans les détails. »
Son acceptation permettait en tout cas de boucler la boucle entrepreneuriale complétant le dernier chaînon manquant dans la grande région lyonnaise.
(*) Depuis sa création en 1999, l’incubateur Crealys dont le rôle est de valoriser les brevets issus de la recherche publique et basé sur la campus de La Doua à Villeurbanne, a été à l’origine de la création de 119 entreprises et de près de 700 emplois dans les domaines des sciences de la vie (36 % des entreprises), des sciences de l’ingénieur et des cleantech (34 %) et des TIC (27 %).
Photo : Michel Lussault, président de l’Université de Lyon, « Un chaînon manquant. »