Grand Emprunt : Rhône-Alpes aux premières loges ?
Parmi les nombreux décideurs auditionnés par la commission Rocard/Juppé sur le Grand Emprunt figure Jean Therme, un des personnages-clés de l’économie rhônapine. Il est le patron du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), l’homme à qui l’on doit le pôle de compétitivité mondial Minalogic sur les nano-technologies (Grenoble). Il est aussi très impliqué dans l’aventure de l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) de Chambéry. Il a paraît-il fort impressionné les deux co-présidents de la commission du Grand Emprunt. A telle enseigne qu’ils l’ont entendu deux fois de suite.
Le letimotiv de Jean Therme : que soient financés en priorité par le Grand Emprunt les projets qui réussissent à allier trois compétences : université, recherche et industrie. Une description assez précise des réseaux créés à travers Minalogic et que l’on retrouve parmi les quinze pôles de compétitivité rhônalpins et la bonne dizaine de clusters que compte la région.
Lorsque l’on observe les conclusions effectuées par les deux rapporteurs du Grand Emprunt, on ne peut qu’être optimiste sur ses retombées pour la région. Seize millions d’euros devraient être investis dans l’Université et la Recherche. La création du PRES, structure unique rassemblant les universités de Lyon, de Saint-Etienne et les grandes écoles et le fait que Lyon et Grenoble aient déjà été éligibles en pôle d’excellence universitaire, est plutôt de bon augure.
Or 10 milliards d’euros auront pour but de « favoriser l’émergence de campus d’enseignement supérieur et de recherche d’excellence », voire quelques « campus de dimension mondiale » pour 3,5 milliards de plus.
Les technologies vertes figurent en bonne place des priorités de l’Emprunt. Or, il s’agit d’un des axes de développement régionaux majeurs à travers les pôles de compétitivité Axelera ou Tennerdis… et la candidature de Lyon au futur pôle Eco-tech qui pourrait s’installer dans les locaux que le Conseil régional devrait quitter à Charbonnières, si la région est désignée bien sûr. Décision courant décembre.
Les biotechnologies et les sciences de la santé, autre axe fort de la politique économique régionale, figurent aussi au rang des investissements pour 2 milliards d’euros.
Bref, Rhône-Alpes devrait figurer en bon rang dans les retombées du Grand Emprunt destiné à préparer l’avenir, non pas dans l’immédiat, mais dans un horizon à vingt ans.
On peut ergoter que 35 milliards, c’est peu. Que ledit Grand Emprunt va creuser un peu plus le déficit. Certes.
Il reste que le coup est parti, qu’il peut effectivement permettre de ne pas seulement léguer à nos enfants des dettes, mais aussi une économie où l’on aura su investir sur les filières d’avenir.
Il restera ensuite à mettre en œuvre l’effet de levier préconisé par la commission du Grand Emprunt avec l’ajout à ces 35 milliards d’euros de financements privés, locaux et européens, ce qui devrait permettre à ce dernier d’atteindre en réalité les 60 milliards d’euros. Une jolie somme susceptible de peser cette fois véritablement sur l’avenir.