Le repreneur de TLM devrait être désigné fin février : la cession sera dans tous les cas douloureuse
Jean-Michel Aulas, un pool d’investisseurs lyonnais autour de Jean-Pierre Vacher, directeur de la chaîne locale ou Bernard Krief Consultants ? Qui d’ici quelques jours, sera l’heureux possesseur de Télé Lyon Métropole, 1ère chaîne d’agglomération en France ? La question intéresse non seulement ses 700 000 téléspectateurs, mais aussi l’économie régionale.
Le quotidien régional Le Progrès, principal actionnaire de la chaîne Télé Lyon Métropole (TLM), a fini par se résoudre à vendre sa chaîne de télévision locale qui a encore perdu l’année dernière 1,4 million d’euros contre 1,7 en 2008. Le quotidien régional a reçu trois offres de reprise pour la chaîne qu’il souhaite vendre depuis près d’un an, mais aucune négociation n’avait jusqu’alors pu aboutir.
Cette fois, normalement, c’est la bonne. Michel Lucas, patron du Crédit Mutuel, désormais actionnaire à 100 % du Progrès, voudrait aller vite. Il souhaite que la cession de TLM soit finalisée d’ici fin février ou au plus tard à la mi-mars. Le prix : un euro symbolique.
Les trois offres émanent de l’Olympique lyonnais, déjà détenteur de la chaîne spécialisée OL TV, donc de Jean-Michel Aulas ; du groupe Bernard Krief Consultants, qui a déjà repris plusieurs télévisions locales (Cap 24, Orléans TV), actuellement empêtré dans la reprise de l’équipementier Heuliez en Poitou-Charentes, et de l’actuel directeur général de la chaîne, appuyé par un groupe d’une dizaine d’investisseurs locaux.
TLM, qui a fêté ses vingt ans l’année dernière, déficitaire depuis sa création, emploie actuellement une trentaine de salariés, dont 22 en CDI. La chaîne draine 700 000 téléspectateurs,via le réseau hertzien, la TNT, le câble et l’ADSL, dont la Free Box depuis 2004 et Orange TV depuis juin 2008.
Les salariés ont fait savoir dans un communiqué qu’ils privilégiaient l’offre menée par leur directeur, Jean-Pierre Vacher, mieux à même selon eux de garantir « l’indépendance de la chaîne et de sa ligne éditoriale« , avec « des conséquences sociales sans commune mesure avec celles induites par les deux autres offres de reprise ».
Ils craignent que le groupe Krief ne se limite à « des programmes nationaux avec un créneau local minimum », et que l’OL ne soit intéressé que par la « seule fréquence (…) afin d’asseoir la notoriété du média OLTV« , en diffusant en numérique et hertzien une chaîne actuellement diffusée par satellite et internet.
Les potions administrées par Jean-Michel Aulas et Bernard Krief Consultants risquent effectivement d’être douloureuses. Du côté des représentants syndicaux de la chaîne locale, on évoque le départ de 15 à 20 salariés si c’est l’offre de l’OL TV qui l’emporte et de la moitié du personnel si c’est Bernard Krief Consultants.
La proposition lyonno-lyonnaise de Jean-Pierre Vacher avec une dizaine de chefs d’entreprises actionnaires serait la moins douloureuse : 5 à 7 personnes licenciées au maximum. Elle veut mettre en valeur les programmes en faisant évoluer la grille et en valorisant encore plus l’actualité lyonnaise.
In fine, c’est le CSA, l’organisme de régulation de l’audiovisuel qui devra donner son aval.
C’est la proposition du directeur de TLM, la moins rude socialement, qui actuellement tient la corde, suivie de celle de Jean-Michel Aulas.
Mais si la solution lyonno-lyonnaise l’emporte effectivement, il lui faudra ramener très vite la chaîne locale à l’équilibre : un objectif qu’il fixe à fin 2012. Outre la réduction de la masse salariale, Jean-Pierre Vacher table notamment sur la fin des émetteurs analogiques (300 000 euros d’économie), une accentuation des ressources publicitaires en hausse de 33 % ces trois dernières années et une multiplication des partenariats avec les collectivités.
Sachant que ce n’est pas mission impossible : Huit Mont Blanc, la chaîne savoyarde créée à la même époque que TLM a atteint l’équilibre depuis 2008, il est vrai au prix d’une gestion au cordeau.