Mehdi Medjaoui, lauréat à Lyon du Prix du Jeune Entrepreneur de l’Année : le choix de l’industrie
L’Internet, les biotechnologies, les services ? On s’attendait à ce que le Prix 2010 du « Jeune Entrepreneur de l’Année » décerné par Campus Création (*) aille à un lauréat opérant dans un de ces secteurs phares. Pas du tout, à une période on les acteurs, à l’instigation du Gouvernement, doivent tenir des Etats Généraux de l’Industrie pour maintenir ce secteur hors de l’eau, c’est le créateur d’une entreprise prometteuse dans l’industrie qui, à la surprise générale, emporte le premier Prix.
Il s’agit en l’occurrence d’un étudiant de l’Insa de Lyon : Mehdi Medjaoui, 24 ans, distingué pour avoir lancé une société (Saena Technologies) dédiée à la commercialisation de piles-cartouches à l’hydrogène, cinq fois plus économes que les piles classiques.
A la clef pour ce jeune entrepreneur, un chèque de 10 000 euros. « Cette somme va nous permettre de ne pas trop nous précipiter pour trouver des investisseurs. Nous avons besoin d’un million d’euros. J’ai rencontré hier des investisseurs à Grenoble, lors d’une grande opération mettant en contact créateurs d’entreprises et investisseurs », explique, souriant, Medhi Medjaoui. Si l’on s’étonne de l’ampleur de cette somme pour démarrer une start-up, il ajoute : « Vous savez, si nous étions aux Etats-Unis, à ce stade là nous bénéficirions de 20 à 50 millions d’euros ! »
C’est à Lyon que ce Parisien de naissance a créé cette entreprise qu’il entend bien continuer à développer entre Rhône et Saône. Il a en effet suivi le cursus exemplaire de l’ingénieur créateur d’entreprise, utilisant toutes les infrastructures mises en place dans le Grand Lyon pour accompagner les jeunes entrepreneurs de son calibre.
Après un Master de Physique générale à Cergy Pontoise, Medhi Medjaoui entre à l’Insa de Lyon pour suivre le cycle ingénieur. Son cursus commence à prendre forme à l’occasion de son stage de fin d’études qu’il effectue au sein de L’institut des Nanos de Lyon (INL), un des labos de recherche de l’Insa.
Ce laboratoire de recherche est alors en train de mettre au point des poudres de stockage d’hydrogène pour la découverte desquelles un brevet est déposé.
Il s’agit d’un procédé permettant entre autres applications, de créer des piles-cartouches cinq fois plus économes que les piles classiques. Une autre utilisation est mise en évidence : ces poudres pourraient permettre, grâce à un système de traçabilité discret et efficace, de lutter contre la contrefaçon : elles offrent une signature unique qui permet d’authentifier les matériaux.
Des poudres dont l’utilisation, on l’imagine, intéresse diablement les industriels. A cette réserve près qu’aucune entreprise ne les fabrique pour l’heure. D’où l’idée de Medhi Medjaoui qui avoue avoir toujours eu la fibre entrepreneuriale : créer sa propre entreprise pour produire lui-même ces poudres et les vendre aux industriels intéressés.
Le jeune homme constitue donc le candidat idéal pour la une filière « ingénieur-entrepreneur » de l’Ecole. En lieu et place du stage traditionnel en entreprise, il se forme au métier d’entrepreneur, à la gestion, au commerce, à l’innovation technologique.
Il est ensuite sélectionné pour s’installer au sein de l’incubateur Crealys basé, comme l’Insa, sur le campus du La Doua à Villeurbanne. Il crée enfin son entreprise, en novembre dernier et quitte Crealys comme le stipulent ses statuts pour intégrer la pépinière d’entreprise de Lyon : Novacité.
Actuellement la société de Mehdi Madjaoui compte trois personnes : un ingénieur salarié, un stagiaire, tandis qu’un chercheur continue à travailler pour lui sur les poudres de stockage d’hydrogène au sein de l’Insa, suite à la signature d’un partenariat entre le labo, l’incubateur et la région Rhône-Alpes qui assure le financement.
A noter qu’entre-temps, le jeune-homme a aussi été lauréat national du Concours du Ministère de la Recherche. Avec un tel parcours, difficile d’imaginer qu’il n’ira pas au bout de son rêve d’entrepreneur ! « Je veux créer de la valeur ajoutée et des emplois » martèle-t-il.
Plusieurs kilos de la fameuse poudre sont désormais fabriqués chaque mois au sein de sa société. Un accord a été passé avec l’entreprise Paxitech à Echirolles, près de Grenoble spécialisée dans les piles à combustible chargées à hydrogène. L’alliance des deux va permettre de mettre sur le marché un ensemble cinq fois plus efficace qu’une pile Duracell de base…
Une success story est-elle en train de prendre naissance ? Assurément à suivre…
(*) Mehdi Medjaoui a reçu son prix, le jeudi 20 juin, salle de la Corbeille à la CCI de Lyon, à l’occasion de la remise des Prix de la 7ème édition de Campus Création. Ce concours a pour objectif de sensibiliser les étudiants de l’enseignement supérieur à la création d’entreprise et à l’innovation. Au total, l’édition 2010 aura rassemblé 270 étudiants de 22 établissements de Lyon, Roanne et Saint-Etienne réunis en équipes pluridisciplinaires. Tous ont proposé une entreprise virtuelle, celle du lauréat du Prix du Jeune Entrepreneur est, elle, bien ancrée dans l’économie réelle.