Objectif dématérialisation : comment la Poste tente de pallier la forte baisse du courrier
C’est inéluctable : le trafic postal va chuter de 25 % en France de 2010 à 2015. Pour pallier les importantes baisses de recettes dues à cette chute du courrier, l’opérateur postal national a créé la Banque Postale qui connaît un intense développement, mais il entend bien aussi se développer sur un autre marché en pleine croissance : celui de la dématérialisation des documents à destination des entreprises Seul problème : dans la région, la Poste se retrouve face à des entreprises lyonnaises déjà bien installées sur ce marché…
Google a-t-il tué la Poste ? Est-elle en perdition ? Pas vraiment si l’on observe son chiffre d’affaires l’année dernière dans la région Centre-Est (*). Il s’est établi à 652,7 millions d’euros, en hausse de 1 %.
Et ce, alors que la baisse du courrier, son métier de base, celui qui emploie des dizaines de milliers de postiers, accélére son déclin. La direction de la Poste estime que la baisse du trafic postal devrait être de l’ordre de 25 % entre 2010 et 2015. Un recul structurel qui ne devrait pas s’arrêter de sitôt.
Comment contrebalancer les pertes financières très importantes que cela représente, sachant que le courrier pèse encore pour près de 85 % dans l’activité de la Poste ?
La première activité de remplacement a été constituée par la Banque Postale, une nouvelle compétence accordée par le gouvernement en 2006, qui connaît un important développement, grâce à son très important réseau. Chacun des 10 000 guichets de la Poste est de facto devenu un guichet bancaire. Au fil du temps, la palette des produits bancaires proposés par ladite Banque Postale ne cesse de s’élargir.
Le second volet de cette réponse à la baisse du courrier est la volonté de la Poste, il faut le reconnaître quelque peu tardive, à prendre place sur le marché de la dématérialisation, celui là même qui accèlére la chute du courrier. Par dématéralisation il faut entendre la transformation sous la forme numérique des documents papier à destination des entreprises. Qu’il s’agisse des échanges numériques entre entreprises, entre les entreprises et leurs clients ou des entreprises avec l’administration : la dématérialisation explose, ce marché croît actuellement de 14 % par an.
D’où la création en mars 2010 d’une marque commerciale : « La Poste Solutions Business » chargée de développer ce marché sur la région Centre-Est.
Les services proposés ? Ils vont du concept de coffre-fort numérique (100 000 abonnés à ce jour à l’échelon national), à la lettre recommandée électronique, à la numérisation et à la gestion des fiches de paie, celle des factures, au développement de solutions de votes en ligne pour les élections professionnelles (comité d’entreprise, délégués du personnel, conseil d’administraiton, etc.), en passant par la dématérialisation des contrats.
Il faut avoir en tête que 88 % du courrier émis en France l’est par les entreprises et que celui-ci est aux deux tiers à destination des particuliers.
Damien Lefevre, le directeur commercial de « la Poste Solutions Business » ajoute à cette palette de services, le développement de la relation client (via les mailings, le marketing direct), ainsi que le conseil.
Seul problème : la concurrence est très rude sur ce marché, fut-il en forte expansion. La Poste se retrouve en bugne à bugne avec des entreprises spécialisées qui se sont développées sur le terreau lyonnais, puis régional et enfin national, comme Esker ou Tessi qui sont déjà solidement installées sur ce créneau.
« Nous escomptons nous développer à un rythme près de deux fois plus rapide que celui du marché, soit 30 % l’an », estime néanmoins le directeur commercial de la nouvelle entité de la Poste.
L’offre dématérialisée ne représente pour l’heure que 1 % du chiffre d’affaires de la Poste dans le Centre-Est, soit 6,5 millions d’euros. L’objectif affiché est de porter d’ici à trois ans, ce pourcentage à 2 %, soit près de 13 millions d’euros.
On peut estimer que cet objectif est modeste. Mais sachant qu’il est destiné à être réalisé sans embauches extérieures, en s’appuyant sur les effectifs existants (dont 100 commerciaux), la rentabilité de ce nouveau service a le grand mérite d’être importante, reconnaît Damien Lefevre. Contrairement au courrier classique.
(*) La région Centre-Est dont le siège est basé à Lyon concerne le Rhône, l’Ain, l’Isère, les deux Savoies, la Bourgogne, la Franche-Comté et la région Centre.